Art-thérapie

Qu’est-ce que l’art-thérapie ?

L’art-thérapie est un processus thérapeutique. Elle se distingue des ateliers d’arts plastiques ou de médiation artistique, lors desquels on apprend des techniques et des savoirs. Il s’agit de l’accompagnement par un·e thérapeute (l’art-thérapeute, formé·e en arts et en psychologie) d’une personne ou d’un groupe de personnes dans leur expression à travers un médium artistique.

L’art-thérapie ne vise pas à révéler les problématiques d’une personne en interprétant le sens de ses créations, mais plutôt à enclencher peu à peu un processus de transformation. L’idée est d’offrir un lieu d’expression autre que les mots ; de donner une possibilité de symbolisation au symptôme plutôt que de chercher à l’éradiquer. L’œuvre créée peut devenir le point de départ de remémorations et d’élaborations verbales.

Ted Gordon, Sans titre, 1979

Pourquoi l’art-thérapie ?

L’art est une forme de langage qui permet de passer outre certains mécanismes défensifs. En stimulant le processus créatif de la personne, l’art-thérapie peut permettre de :

– soulager le mal-être, l’angoisse, la souffrance psychique et physique ;

– aller vers un mieux-être, apaiser certains symptômes ;

– accompagner l’expression de soi, de ses émotions ;

– aller vers une plus grande écoute de soi ;

– trouver sa place dans un groupe ;

– accompagner une transformation intérieure, une « recréation de soi »…

L’art-thérapie : pour qui ?

Le champ d’intervention de l’art-thérapie est large : individus, familles et groupes éprouvant des problématiques diverses (maladie, handicap, blessure de vie…). L’art-thérapie s’adresse aux personnes à qui les mots peuvent parfois venir à manquer pour exprimer une souffrance.

L’art-thérapie s’exerce en institutions (Ehpad, maisons de retraite, centres de rééducation, CMPP, cliniques, hôpitaux, centres sociaux…), en libéral, dans des associations, dans les entreprises…

Yayoi Kusama, Infinity Mirror Room, 1965

Les médiations utilisées

À chaque médiation sa vertu ! Selon les publics et leurs problématiques, différentes médiations peuvent être utilisées (seules ou associées, sous forme de cycles ou non) pour aller vers une élaboration artistique et psychique. L’idée, encore une fois, est de contourner certains mécanismes de défense mis en place dans le langage verbal.

J’utilise :

la peinture (aquarelle, gouache, acrylique) et le dessin (feutres, crayons, fusains, pastels…) ;

le collage : c’est l’un des procédés favoris des Surréalistes, car il permet de créer vite et en lien direct avec l’inconscient. On déchire, découpe, morcelle… pour ensuite assembler, recoller et faire entrer en collision différents fragments.

le modelage (argile, terre glaise, pâte à modeler…). Sous son apparente simplicité se cache une grande puissance : c’est la main qui façonne directement, sans intermédiaire entre le dedans et l’objet créé. On part de l’inconnu de l’informe pour reconnecter avec une corporalité. Dans la mythologie, le Titan potier Prométhée crée les êtres humains à partir de terre glaise ! Contrairement à la peinture ou au dessin, on crée en trois dimensions. On peut « faire et défaire », se défouler, caresser la terre…

la linogravure permet de jouer avec les creux et les pleins : cette fois, pour créer une forme, il faut retirer de la matière à l’aide d’un outil (une gouge). On encre ensuite sa plaque de linoléum pour imprimer son motif : chaque tirage est une surprise qui peut être répétée ; il y a une part d’aléatoire.

l’écriture invite à la narration de soi. Guidée, avec des « contraintes » ou plutôt des « consignes », elle structure la pensée et facilite l’expression des émotions qui ne pourraient pas s’exprimer dans un autre cadre.

J’accorde une grande importance aux pratiques corporelles et je peux proposer des exercices de mouvement, de théâtre, de respiration et de voix.

Anne Teresa De Keersmaeker, Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich, 1982

Mon parcours

Journaliste, autrice et animatrice d’ateliers d’écriture pratiquant différentes formes d’art (peinture, collage, gravure, cirque aérien, danse…), j’ai commencé à interroger des art-thérapeutes sur leur métier en 2018. J’ai rapidement compris qu’elles n’avaient pas de « journée type » à me raconter. En revanche, des rencontres uniques avec les autres, avec des publics très différents, voilà ce qui faisait la tapisserie de leur quotidien. J’ai vu que, au-delà de valeurs et d’une éthique communes, il y avait autant de manières de pratiquer l’art-thérapie qu’il y avait d’art-thérapeutes. Je me souviens particulièrement de la vision d’une art-thérapeute installée aux Lilas : « Les personnes que je reçois en séance ont les clefs ; je les aide à retrouver le trousseau. » J’avais été séduite par l’humilité de cette posture et les possibilités infinies qu’offrent les processus créatifs pour accéder à une parole bloquée. Je voulais désormais accompagner par l’art des personnes en difficultés psychiques pour rendre possible une parole impossible.

En 2019-2021, j’ai suivi la formation d’art-thérapeute de l’école Schème, à Lyon, validée par 230 heures de stage en institutions et la soutenance d’un mémoire.

Cet organisme est reconnu par la fédération des art-thérapeutes de France.

Durant ce temps de formation, j’ai coanimé des ateliers d’art-thérapie dans différentes structures :

– Ehpad Omeris Part-Dieu ;

– Maison Thérèse Couderc (Fourvière) ;

– GEM Agora (Tassin-la-Demi-Lune) ;

– Ehpad Les Alizés (Saint-Priest) ;

– CMP enfants de Vienne Sud.

Pour mon mémoire de fin de formation, j’ai travaillé sur la thématique de la répétition-transformation, et plus particulièrement auprès des personnes âgées dépendantes.